« Le littoral morbihannais : le projet ALeRT au chevet d’un patrimoine menacé », le 3 juin à la SAHPL

Le 3 juin 2017, nous présenterons le projet ALeRT à la Société d’Archéologie et d’Histoire du Pays de Lorient :

Le projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Terrestre), créé en 2006 dans le cadre du CReAAH (Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire) s’intéresse à la vulnérabilité du patrimoine culturel côtier face aux effets des changements climatiques et de la pression anthropique sur le littoral. Il est actuellement soutenu par la Fondation de France (2016-2018) : « Quel devenir pour le littoral Manche-Atlantique et son patrimoine ? Apport de l’interdisciplinarité et de la science participative ».

Ce projet a de multiples objectifs, dont le développement d’aide à la priorisation des actions sur le terrain sur ces sites littoraux menacés de disparition, de dresser un état sanitaire du patrimoine littoral, ou encore de sensibiliser la communauté scientifique et le grand public à cette problématique en les invitant à participer à la démarche.

Après une présentation de ce projet, nous verrons comment 10 ans d’ALeRT ont permis de montrer l’importance de ce patrimoine côtier et surtout de sa vulnérabilité à travers des exemples à l’ouest de la presqu’île de Quiberon. Nous insisterons particulièrement sur l’île de Groix qui fait l’objet d’un suivi régulier de la part des archéologues, mais aussi d’amateurs qui ont permis la découverte de nombreux sites archéologiques.

Prospections à l’île de Groix, du 2 au 5 mars 2017

Du 2 au 5 mars, une partie de l’équipe ALeRT, accompagné des prospecteurs bénévoles (et parfois inventeurs des sites) sera à l’île de Groix, pour une opération de prospections sur le littoral avec différents objectifs :

– Faire un relevé et une étude topographique de l’éperon barré de l’âge du Fer de Kervédan, par Hervé Duval, dans le cadre de sa thèse intitulée « Les sites fortifiés littoraux de la façade Manche-Atlantique de l’Europe : territoires, échanges et pouvoirs, au 1er millénaire avant notre ère » (Université de Rennes 1)

– Faire un relevé et une étude topographique du site mésolithique du Gorzed par Gaëlle-Anne Denat dans le cadre de son Master II à l’Université de Rennes 2 et Jorge Calvo Gomez, dans le cadre de sa thèse portant sur « Les systèmes techniques des chasseurs cueilleurs maritimes d’Europe Atlantique » (Université de Rennes 1)

– Faire un bilan sanitaire des sites menacés et connus depuis plusieurs années, par Chloë Martin en tant que chargée de coordination du projet ALeRT, et les 3 archéologues susmentionnés.

Tout ce travail ne pourrait être réalisé sans les découvertes des prospecteurs bénévoles, et des différents programmes de recherche qui ont existé et qui existent encore sur l’île de Groix.

« Le littoral morbihannais : le projet ALeRT au chevet d’un patrimoine menacé », le 13 septembre à la Société Polymathique du Morbihan

Le 13 septembre, nous présenterons le projet ALeRT ainsi que les recherches et les études menées sur le littoral morbihannais depuis plusieurs années, à la Société Polymathique du Morbihan.

Le projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Terrestre), créé en 2006 dans le cadre du CReAAH (Centre de Recherche en Archéologie, Archéosciences, Histoire) s’intéresse à la vulnérabilité du patrimoine culturel côtier face aux effets des changements climatiques et de la pression anthropique sur le littoral. Il est actuellement soutenu par la Fondation de France (2016-2018) : « Quel devenir pour le littoral Manche-Atlantique et son patrimoine ? Apport de l’interdisciplinarité et de la science participative ».

Ce projet a de multiples objectifs, dont le développement d’aide à la priorisation des actions sur le terrain sur ces sites littoraux menacés de disparition, de dresser un état sanitaire du patrimoine littoral, ou encore de sensibiliser la communauté scientifique et le grand public à cette problématique en les invitant à participer à la démarche.

Après une présentation de ce projet, nous verrons comment 10 ans d’ALeRT ont permis de montrer l’importance de ce patrimoine côtier et surtout de sa vulnérabilité à travers des exemples à l’Est de la presqu’île de Quiberon. Nous insisterons particulièrement sur la presqu’île de Rhuys, qui était la « zone teste » du projet ALeRT et qui fait l’objet d’un suivi régulier de la part des archéologues, mais aussi d’amateurs qui ont permis la découverte de nombreux sites archéologiques.

Le site de Lomer à Pénestin (Morbihan)

Par Elías López-Romero

Le site de Lomer présente les restes d’un monument mégalithique datant du Néolithique ainsi que ceux d’un atelier bouilleur de sel gaulois (second âge du Fer), situés sur les vestiges du tumulus de ce premier. Les restes conservés du dolmen, situés actuellement sur la falaise, sont extrêmement maigres, seules quelques pierres restent en place. Le site a fait l’objet d’un suivi photographique entre septembre 2013 et septembre 2014. Pendant cette période l’érosion des vestiges et de la falaise a subi d’importantes modifications.

Restes visibles du dolmen le 27/01/2008

Le peu qui reste du site est dans une situation extrêmement vulnérable. Les vestiges conservés s’érodent a un rythme très rapide, tombant en bas de falaise et étant par la suite transportés par l’action des marées. Le substrat rocheux est très friable, et s’érode à un rythme également soutenu. La comparaison des images du site entre 2008 et 2014 donne une idée des effets de l’érosion sur une période de 5 ans. Il serait encore possible de faire une opération de sauvetage pour mieux comprendre cette structure (dont la typologie n’est pas définie).

Restes visibles du dolmen le 09/09/2014 (photo projet eSCOPES, E. López-Romero).

Une analyse numérique de l’érosion du site sur le long terme a été commencé dans le cadre du projet eSCOPES (projet Marie Curie-IEF 328753, resp. E. López-Romero, Durham University). Nous nous servons des principes de la photogrammétrie numérique d’un objet proche (Close-Range Photogrammetry), qui permet d’obtenir un levé tridimensionnel et métrique en détail des éléments à enregistrer. Dans un second temps, une analyse comparée des différents modèles obtenus pour chaque site nous permet d’évaluer les altérations qu’il a subies au cours du temps.

Chemin littoral sur le site de Le Lomer (Photo projet eSCOPES, E. López-Romero le 09/09/2014).

Parmi les logiciels qui permettent l’application de cette méthode nous avons utilisé Agisoft PhotoScan© qui consiste à appliquer la technique structure from motion (SfM), largement utilisée en archéologie et dans les études du patrimoine depuis quelques années maintenant. Dans la pratique, elle facilite énormément l’obtention de modèles 3D, puisqu’elle permet la restitution tridimensionnelle à partir d’images acquises depuis différents points de vue même en absence de paramètres de calibration de la caméra. En résulte une représentation avec des valeurs métriques tridimensionnelles qui peut être figurée de façon bidimensionnelle (ortho image) ou tridimensionnelle (modèle numérique tridimensionnel).


Pour plus d’informations :

LOPEZ-ROMERO E., MANANA-BORRAZAS P., DAIRE M.-Y., GUIMIL-FARINA A., 2014. « The eSCOPES Project: preservation by record and monitoring at-risk coastal archaeological sites on the European Atlantic façade ». Antiquity, 339.

Suivi archéologique du site de Sterflant à Hoedic (Morbihan)

Par Marie-Yvane Daire

Le site archéologique de Sterflant, sur le littoral sud de l’île d’Hoedic (Morbihan), fait l’objet d’un suivi depuis 2010, dans le cadre du projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Terrestre), compte tenu de sa position très exposée et de sa dégradation régulière. Les principales opérations réalisées ont été une série de sondages et relevés sur les structures dégagées dans l’estran. La vulnérabilité de ce site face aux dégradations naturelles a conduit les chercheurs à engager une nouvelle opération de relevés, destinée à sauvegarder un certain nombre d’informations avant la disparition totale des vestiges visibles, en mai 2014 puis en novembre de cette même année.

Au cours de l’hiver 2010, un brutal épisode de dégradation du site a attiré l’attention de plusieurs personnes. En effet, lors de la tempête Xynthia des 27-28 février 2010, les dunes exposées au sud ont souffert et ont reculé de plusieurs mètres, délivrant des sols anciens, une zone à forte densité de coquillages avec quelques tessons de céramiques ; l’ensemble du dépôt archéologique apparut alors comme fortement menacé, par l’assaut de la mer lors des marées à fort coefficient mais aussi par le piétinement des promeneurs. Une opération de sondage s’ensuivit au mois de juillet 2010.

Le site de Serflant

Puis, à l’occasion d’une visite du site au printemps 2014, il fut possible d’évaluer les dégâts occasionnés par la nouvelle série de tempêtes de l’hiver 2013-2014 qui ont particulièrement affecté les sites exposés au sud-est. Le site de Sterflant nous est alors apparu sous un nouveau jour : alors que la zone des sondages de 2010 s’était plutôt rechargée en pierres et débris de toutes sortes, la face est de la pointe orientée vers la plage de Beudjeul et constituée d’importantes falaises dunaires avait subi un recul assez considérable laissant apparaître le gisement archéologique en plusieurs points, sur un linéaire côtier d’une centaine de mètres, de même que l’extrémité est de la plage de Port La Croix.

Une opération archéologique fut alors rapidement décidée pour le mois de novembre 2014. Ce nouvel épisode illustre une nouvelle fois la complexité des interventions archéologiques d’extrême urgence en contexte littoral. Outre une série de sondages en pied de falaise, un relevé au scanner 3D a été réalisé sur le site. En renouvelant régulièrement cette opération, il sera possible d’établir un suivi du recul de la dune à très haute résolution.

Relevé au scanner 3D du site de Sterflant par Yann Bernard (CNPAO) et Laurent Quesnel (UMR 6566 CReAAH).

Malgré leur caractère limité dans l’espace, dû notamment au statut du site, les recherches de terrain menées sur le site de Sterflant sont d’ores et déjà prometteuses. Elles démontrent en effet l’existence d’un site occupé pendant les dernières décennies de l’Indépendance gauloise, groupant activités artisanales et domestiques. Cette association entre un habitat et un atelier artisanal de production de sel d’origine marine répond à un schéma désormais reconnu comme « classique » des occupations littorales sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, entre autres sur le site de Port-Blanc, à Hoedic.


Pour en savoir plus :

DAIRE M.-Y., OLMOS P., LANGOUËT L., avec la collaboration de MONRÓS M., MOUGNE C., BERNARD Y., QUESNEL L., LARGE J.-M. et DUPONT C. 2015. « Sterflant, un site archéologique sous haute surveillance à Hoedic. Melvan », La Revue des Deux Îles, n°12, p. 187-198.


Note :

Le suivi archéologique régulier du site est dû à Pierre Buttin (Melvan) et Jean-Marc Large. Les opérations de relevé au scanner 3D ont été réalisées par Yann Bernard et Laurent Quesnel (CNPAO). Les opérations archéologiques, autorisées par le Ministère de la Culture (SRA Bretagne) et par le Conservatoire du Littoral, ont été coordonnées par Marie-Yvane Daire et Pau Olmos (CNRS, UMR 6566 CReAAH), avec la participation de Loïc Langouët, Txell Monros, Caroline Mougne et Emmanuelle Rogart.

Île de Groix

Dans le cadre du projet plusieurs opérations de prospections ponctuelles ont été réalisés sur des sites préalablement connus ou inédits et qui montrent tous les aspects des érosions littorales. Dans l’île de Groix, trois sites ont été repérés lors des prospections réalisés en 2007 : Port Quedoul, Port Mélite et Port Roed.

Port Quedoul

Lors d’une prospection, des structures ont été repérées en coupe de falaise (deux possibles trous de poteaux distantes d’environ 2 m avec un niveau brun associé). Quelques éléments mobiliers probablement d’époque gallo-romaine ont été collectés sur l’estran. Il s’agit d’une site inédit jusqu’à moment menacé par l’érosion naturelle de la falaise.

Port Quedoul ensemble

Port Mélite

L’existence d’un site protohistorique à Port Mélite était déjà connu depuis les années 1980, grâce à la découverte d’un lot de céramiques attibuable à La Tène finale. Cette occupation pourrait être associée avec un éperon barré de l’Age du Fer. Un muret en pierre sèche, signalé en 2006, avait été vu en falaise mais il a aujourd’hui disparu à cause de l’érosion de la falaise.

Port Melite Falaise. Cliché Marie-Yvane DairePort Mélite Falaise. Cliché: Marie-Yvane Daire

Port Roed

Au sud de l’île de Groix, un atelier de bouilleur de sel protohistorique avait été repéré par S. Bihan depuis plusieurs années, mais l’accélération de l’érosion côtière dans ce secteur fait apparaître des structures en coupe de falaise en cours de dégradation.

Port Roed ensemble. Cliché : Marie-Yvane Daire

Estuaire de la Vilaine

Dans cette zone, qui comprend les communes de Pénestin, Camoel, Férel, Arzal, Billiers, Ambon et Damgan (Morbihan) des sorties de terrain ont été réalisés afin de tester la grille de vulnérabilité et évaluer les risques naturels et anthropiques. L’estuaire de la Vilaine est choisi par la menace provoquée par l’élévation du niveau de la mer et les activités humaines. D’après les travaux de terrain, 22 sites ont été répertoriés, allant de la période Mésolithique au Moyen-Age. L’étude la vulnérabilité réalisé montre une combinaison des facteurs anthropiques et naturelles en la protection des sites. Le présence d’infrastructures touristiques et des activités humaines est la menace anthropique principale, comme exemple quelques monuments mégalithiques ont été déplacés par action humaines, même si ce sont des monuments protégés. En ce qui concerne le facteur naturelle, l’élévation du niveau de la mer à cause du réchauffement terrestre, l’érosion éolienne et la manque de sédimentation de la Vilaine sont les principales menaces dans l’estuaire de la Vilaine.

Mine d'Or Fosse. Cliché : Marie-Yvane DaireEtude de vulnérabilité estuaire de la Vilaine.

Presqu’île de Rhuys

Dans le cadre du projet ALeRT une inventaire et étude de vulnérabilité des sites archéologiques côtiers en presqu’île de Rhuys a été réalisé par Erik Schaeffer. Vingt sites archéologiques appartenant aux communes d’Arzon, Saint-Gildas-de-Rhuys et Sarzeau ont été répertories et ajoutés à la base de données ALeRT. Les sites ont une période d’occupation allant du Mésolithique à la période gallo-romaine. Il s’agit d’une zone riche en sites archéologiques surtout pour la période Néolithique et Age du Fer, avec des sites significatifs comme le tumulus Néolithique du Petit Mont. L’étude de la vulnérabilité montre une zone de risque autour du tumulus du Petit Mont, dont les sites de briquetage dans la falaise sont érodés par le facteur anthropique. Le risque principale des sites archéologiques dans la presqu’île de Rhuys est l’intense urbanisme et l’augment de tourisme.

Dolmen Port aux Moines. Cliché: Marie-Yvane DaireMenhir La Pierre Jaune. Cliché : Marie-Yvane Daire

Vulnérabilité Presqu'île de Rhuys