Par Annabelle Chauviteau
La plage de Ker Châlon

La plage de Ker Châlon se situe sur la côte nord de l’Île d’Yeu (Vendée, fig. 1), à l’est de Port Joinville et face au littoral vendéen. Cette plage a connu durant l’hiver 2013-2014 un retrait de son sable du fait d’une succession de fortes tempêtes (Chauviteau 2014). Ce retrait, qui a duré quelques semaines, a rendu apparent un paléosol organique (fig. 2) dans lequel était fiché du mobilier (vestiges lithiques, bris de céramique, os brisés, charbons, fig. 3a et3b). Des creusements anthropiques quadrangulaires et circulaires étaient visibles dans ce paléosol, vestiges non datés à ce jour (fig. 4a et 4b).



Ce site se trouve en contexte organique lié à un paléo-estuaire ou un paléo-marais. Il a été étudié par Yann Le Jeune (Service Régional de l’archéologie) et Thomas Vigneau (Conseil Départemental de la Vendée) qui ont réalisé divers travaux en 2014 et notamment des sondages à la tarière (modèle stratigraphique, extension du paléosol, comparaison avec le Lidar Litto3D, etc.). Le rapport d’intervention et les rendus sont en cours.


Le dépôt coquillier

Plus à l’est (fig. 5), l’érosion marine a fortement perturbé le trait côtier entraînant un important recul de la dune qui s’accélère notablement depuis 2013 (fig. 6, 7 et 8). La coupe dunaire de plus de 4 m de hauteur montre ici différents horizons archéologiques (fig. 9).



Un niveau organique de couleur brunâtre s’intercale entre le platier rocheux et la dune sus-jacente. D’une épaisseur variant de 15 à 35 cm, il se caractérise par un corps sédimentaire de texture sablo-argileuse très induré comportant une forte proportion de graviers. Il est possible de visualiser ce paléosol sur presque l’ensemble de la frange côtière nord de l’île.

C’est dans cet horizon que se trouvait un dépôt coquiller d’environ 90 cm de largeur (fig .10) constitué en majeure partie de patelles (Patella vulgata), de moules (Mytilus sp.), de bigorneaux (Littorina littorea), d’os brisés et de charbon de bois. Une intervention d’urgence a été réalisée par le service du patrimoine municipal afin de sauvegarder les vestiges menaçant de partir à la mer éminemment. Le mobilier ainsi recueilli a été passé au tamis et conservé dans le dépôt archéologique municipal. Une petite partie de ce dépôt est toujours en place, pouvant potentiellement apporter quelques informations taphonomiques. Il est à noter qu’un horizon sableux recouvre ce dépôt coquillier, il s’agit ici de paléosols au sein de séquences, ils contiennent également des charbons et des coquilles (fig. 10).

Une étude de la composition malacofaunique et autres restes fauniques du dépôt serait des plus intéressantes (exploitation de la malacofaune sur l’île, comportement opportuniste ayant exploité toute la diversité de la malacofaune disponible dans l’environnement marin proche ou techniques de pêche plus complexes ?) et permettrait une comparaison avec les dépôts et amas coquilliers de la région (Saint-Gildas par exemple) et en contexte insulaire (Hoedic, Molène, etc.). En plus, une datation au radiocarbone permettrait d’en apprendre d’avantage sur ces populations et l’époque où elles ont séjourné sur l’île (dépôt mésolithique ?).
Pour plus d’informations :
CHAUVITEAU A. 2014. Inventaire complémentaire des sites et du mobilier archéologiques, (Vendée, 85). Rapport de prospection-inventaire, Nantes, service patrimoine de la mairie de l’Île d’Yeu, Service régional de l’archéologie Pays de la Loire, 105 p.
DUPONT C. 2003. La malacofaune de sites mésolithiques et néolithiques de la façade atlantique : Contribution à l’économie et à l’identité culturelle des groupes concernés. Paris, Université de Paris I, Thèse de Doctorat, 542 p.
j’ai joué aux indiens à cet endroit pendant mon enfance, nous possédions une maison à coté du site. Je suis passionné par la préhistoire. Félicitation pour votre découverte