Suivi archéologique du site de Sterflant à Hoedic (Morbihan)

Par Marie-Yvane Daire

Le site archéologique de Sterflant, sur le littoral sud de l’île d’Hoedic (Morbihan), fait l’objet d’un suivi depuis 2010, dans le cadre du projet ALeRT (Archéologie, Littoral et Réchauffement Terrestre), compte tenu de sa position très exposée et de sa dégradation régulière. Les principales opérations réalisées ont été une série de sondages et relevés sur les structures dégagées dans l’estran. La vulnérabilité de ce site face aux dégradations naturelles a conduit les chercheurs à engager une nouvelle opération de relevés, destinée à sauvegarder un certain nombre d’informations avant la disparition totale des vestiges visibles, en mai 2014 puis en novembre de cette même année.

Au cours de l’hiver 2010, un brutal épisode de dégradation du site a attiré l’attention de plusieurs personnes. En effet, lors de la tempête Xynthia des 27-28 février 2010, les dunes exposées au sud ont souffert et ont reculé de plusieurs mètres, délivrant des sols anciens, une zone à forte densité de coquillages avec quelques tessons de céramiques ; l’ensemble du dépôt archéologique apparut alors comme fortement menacé, par l’assaut de la mer lors des marées à fort coefficient mais aussi par le piétinement des promeneurs. Une opération de sondage s’ensuivit au mois de juillet 2010.

Le site de Serflant

Puis, à l’occasion d’une visite du site au printemps 2014, il fut possible d’évaluer les dégâts occasionnés par la nouvelle série de tempêtes de l’hiver 2013-2014 qui ont particulièrement affecté les sites exposés au sud-est. Le site de Sterflant nous est alors apparu sous un nouveau jour : alors que la zone des sondages de 2010 s’était plutôt rechargée en pierres et débris de toutes sortes, la face est de la pointe orientée vers la plage de Beudjeul et constituée d’importantes falaises dunaires avait subi un recul assez considérable laissant apparaître le gisement archéologique en plusieurs points, sur un linéaire côtier d’une centaine de mètres, de même que l’extrémité est de la plage de Port La Croix.

Une opération archéologique fut alors rapidement décidée pour le mois de novembre 2014. Ce nouvel épisode illustre une nouvelle fois la complexité des interventions archéologiques d’extrême urgence en contexte littoral. Outre une série de sondages en pied de falaise, un relevé au scanner 3D a été réalisé sur le site. En renouvelant régulièrement cette opération, il sera possible d’établir un suivi du recul de la dune à très haute résolution.

Relevé au scanner 3D du site de Sterflant par Yann Bernard (CNPAO) et Laurent Quesnel (UMR 6566 CReAAH).

Malgré leur caractère limité dans l’espace, dû notamment au statut du site, les recherches de terrain menées sur le site de Sterflant sont d’ores et déjà prometteuses. Elles démontrent en effet l’existence d’un site occupé pendant les dernières décennies de l’Indépendance gauloise, groupant activités artisanales et domestiques. Cette association entre un habitat et un atelier artisanal de production de sel d’origine marine répond à un schéma désormais reconnu comme « classique » des occupations littorales sur les côtes de la Manche et de l’Atlantique, entre autres sur le site de Port-Blanc, à Hoedic.


Pour en savoir plus :

DAIRE M.-Y., OLMOS P., LANGOUËT L., avec la collaboration de MONRÓS M., MOUGNE C., BERNARD Y., QUESNEL L., LARGE J.-M. et DUPONT C. 2015. « Sterflant, un site archéologique sous haute surveillance à Hoedic. Melvan », La Revue des Deux Îles, n°12, p. 187-198.


Note :

Le suivi archéologique régulier du site est dû à Pierre Buttin (Melvan) et Jean-Marc Large. Les opérations de relevé au scanner 3D ont été réalisées par Yann Bernard et Laurent Quesnel (CNPAO). Les opérations archéologiques, autorisées par le Ministère de la Culture (SRA Bretagne) et par le Conservatoire du Littoral, ont été coordonnées par Marie-Yvane Daire et Pau Olmos (CNRS, UMR 6566 CReAAH), avec la participation de Loïc Langouët, Txell Monros, Caroline Mougne et Emmanuelle Rogart.

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